Trois signes que votre entreprise est mûre pour une restructuration
2025-06-03
Auteur: Olivier Boyd
La gestion d’une entreprise comporte des risques, et personne n’est mieux placé pour le savoir que les propriétaires qui font des pieds et des mains pour protéger le fruit de leur travail. Un déclin de la situation financière d’une entreprise n’est généralement pas attribuable à un seul faux pas, mais plutôt à une série d’éléments qui, peu à peu, accentuent la pression : hausse des coûts, baisse des revenus, accumulation de factures impayées, etc. Même s’il peut être rassurant de se dire qu’il ne s’agit que d’un mauvais moment à passer et que le vent tournera bientôt, le problème persiste.
Demander de l’aide est l’une des plus importantes décisions qu’un propriétaire d’entreprise peut prendre, mais il n’est pas évident de savoir quand le faire. En reconnaissant rapidement les signaux d’alarme, il est possible de transformer une fermeture imminente en une possibilité de relance.
Nous vous présentons ici trois signes que votre entreprise est mûre pour une restructuration et les options qui s’offrent à vous si vous agissez sans tarder.

1. Reporter vos obligations auprès de l’ARC
L’un des premiers signaux d’alarme à surveiller est l’accumulation d’un solde impayé auprès de l’Agence du revenu du Canada (ARC). Qu’il s’agisse de retenues salariales, de remises de la TPS ou de la TVH ou du solde au titre de l’impôt sur le revenu des sociétés, il peut être tentant de reporter ces versements lorsque vos liquidités sont limitées et que d’autres paiements peuvent sembler plus urgents.
Règle générale, les propriétaires d’entreprise dans cette situation ont l’intention de régler les choses sans trop tarder, mais lorsque leurs revenus décroissent, qu’ils perdent un client important ou que les frais mensuels augmentent constamment, les reports de paiements peuvent s’accumuler rapidement. Certaines entreprises ne mesurent pas l’ampleur du problème avant qu’il ne devienne hors de contrôle.
Cependant, ce n’est pas tant cette accumulation qui devrait vous inquiéter que les pouvoirs étendus de l’ARC. En effet, celle-ci a tendance à faire profil bas tandis que votre solde continue de grimper, puis à exiger un remboursement intégral à un moment parfois peu indiqué. Bien qu’elle soit généralement disposée à négocier les modalités du remboursement, si votre solde demeure en souffrance ou que vous ratez des paiements, elle dispose des outils nécessaires pour récupérer les sommes qui lui sont dues, comme le gel de vos comptes bancaires ou la saisie de vos comptes, et ce, à très court préavis.
Vous avez peut-être pris la meilleure décision possible dans votre situation, en conjuguant incertitude et optimisme ou en faisant de difficiles compromis. L’étape suivante consiste à essayer de comprendre la source du problème, à apporter les ajustements financiers et opérationnels requis et à modifier votre modèle de flux de trésorerie pour y intégrer le paiement des arriérés à l’ARC et le versement des remises courantes. Mais si votre solde impayé augmente et qu’il vous semble impossible de le rembourser, n’attendez pas que des procédures soient engagées contre vous. Un conseiller en restructuration peut vous aider à évaluer vos options avant qu’il ne soit trop tard.
2. Vous en remettre à votre ligne de crédit
Une ligne de crédit constitue un filet de sécurité et non une bouée de sauvetage. Dans le cas d’une entreprise en santé, elle peut aider à remédier à des situations temporaires, comme les variations saisonnières de revenus ou des retards de paiement de certains clients. Mais lorsque vous y recourez mois après mois, c’est un signe que votre entreprise bat de l’aile.
Mais des signaux d’alarme seront perceptibles bien avant que vous n’atteigniez la limite de votre ligne de crédit. En effet, vous pourriez ressentir une insécurité grandissante au fil des semaines si vous ne parvenez pas à payer votre personnel ou votre loyer. Il est également possible que vous ayez recours au crédit pour l’acquisition d’immobilisations à long terme comme du matériel ou de l’outillage plutôt que de vous tourner vers des solutions de financement plus adaptées comme un prêt ou le crédit-bail. Ce déséquilibre entre l’actif à long terme et le passif à court terme peut accentuer la pression sur vos flux de trésorerie.
Un bilan solide peut vous aider à redéfinir vos priorités. Par exemple, l’option de refinancer certains éléments d’actif à long terme plutôt que d’utiliser une facilité de crédit à court terme peut vous donner la latitude nécessaire pour remédier à des lacunes temporaires dans vos opérations quotidiennes. Mais, pour faire un choix judicieux, il vous faudra d’abord prendre un pas de recul et vous demander si vous utilisez à bon escient les outils financiers dont vous disposez ou s’ils ne servent pas plutôt à masquer temporairement des problèmes plus profonds.
3. Mettre plus de 60 jours à payer vos fournisseurs
Autre signal d’alarme à ne pas ignorer : retarder le paiement de vos fournisseurs. Généralement, les entreprises règlent leurs dettes commerciales dans un délai de 30 à 60 jours. Si vous dépassez ce délai ou le prolongez, parfois au-delà de 90 jours, c’est signe que votre marge de manœuvre se rétrécit.
Le cas échéant, vous pourriez vous mettre en mode réaction et ne payer que les fournisseurs particulièrement insistants, ou encore retarder le versement des sommes dues à ceux avec lesquels vous avez la certitude de ne plus faire affaire avant un moment. Cette approche peut vous permettre de gagner du temps, mais elle ne résout pas le cœur du problème.
Les données sur les créditeurs parlent d’elles-mêmes. Si les paiements en retard s’accumulent, vos relations avec vos fournisseurs pourraient rapidement se détériorer et même atteindre un point de rupture, ce qui pourrait causer des perturbations opérationnelles, un arrêt de la production et une réputation entachée… autant d’éléments qui minent vos chances de vous remettre sur pied.
Traîner des dettes est souvent l’un des premiers signes de difficultés financières. Lorsque le problème est rapidement abordé de front, il est possible de sauver les meubles. Tout comme les retards de paiement auprès de l’ARC, vous devrez décortiquer les dettes que vous cumulez auprès de vos créanciers afin d’en comprendre les causes profondes, d’apporter les ajustements requis et de modifier votre modèle de flux de trésorerie pendant qu’il est encore temps.
Et pour la suite?
Lorsque des professionnels en restructuration rencontrent des clients, ils ne font pas que passer en revue leurs finances. Ils examinent leur situation globale. L’entreprise est-elle toujours viable? Peut-elle réellement améliorer ses flux de trésorerie, refinancer sa dette ou redresser son bilan? Sans oublier une autre question fondamentale : son propriétaire est-il prêt à investir le temps, l’énergie et les ressources nécessaires à sa restructuration?
Il ne s’agit certes pas d’une solution facile. Une entreprise peut mettre des mois, voire des années avant de retrouver une certaine stabilité. Mais une restructuration permet aux propriétaires qui demeurent ouverts au changement d’entrevoir de nouveaux horizons. De nombreuses restructurations se déroulent dans l’ombre et sont fondées sur des négociations informelles entre les propriétaires et leurs banquiers et créanciers, et des discussions avec leurs conseillers.
Mais parfois, ce n’est pas suffisant, et il est nécessaire de se tourner vers des mesures plus formelles, comme recourir aux dispositions de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité et la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Ces procédures légales peuvent aider une entreprise à se restructurer, tout en la protégeant de ses créanciers.
Pourquoi est-il important d’agir le plus tôt possible?
L’un des plus grands défis pour les propriétaires d’entreprises en difficulté, c’est de savoir quand agir. La plupart demandent de l’aide seulement après avoir épuisé toutes leurs options, mais, trop souvent, il est alors trop tard pour s’en sortir.
En affaires, les échecs sont rarement attribuables à un seul faux pas. Ils résultent le plus souvent d’une série d’éléments qui sont malheureusement négligés et s’accumulent peu à peu. Plus vite vous reconnaîtrez le problème et demanderez de l’aide, plus vous aurez de solutions pour y remédier. N’attendez pas que vos dettes fassent boule de neige, que vos relations avec vos fournisseurs tournent au vinaigre ou que l’ARC engage des procédures de recouvrement contre vous.
Le stress financier peut conduire à l’isolement, mais sachez que des ressources existent. Il ne s’agit pas de chercher des responsables, mais de faire appel à des professionnels qui comprennent votre situation et qui pourront vous aider à réévaluer vos priorités et à remettre votre entreprise sur les rails, en toute discrétion.
Des soldes impayés auprès de l’ARC, une surutilisation du crédit ou des reports de paiement à vos fournisseurs sont autant de signaux d’alarme qui vous rappellent la nécessité de demander de l’aide avant qu’il ne soit trop tard. Une restructuration n’est pas synonyme d’échec; c’est plutôt une occasion d’envisager de nouvelles avenues pour repartir du bon pied.
Les syndics autorisés en insolvabilité de MNP peuvent vous aider à évaluer vos options, de la restructuration à la proposition formelle. Communiquez avec nous pour obtenir une consultation confidentielle afin de rétablir la santé financière de votre entreprise.