Payer les études de ses enfants sans se ruiner
Il n’est plus à démontrer qu’une éducation postsecondaire permet d’aspirer à des salaires plus élevés et de poursuivre des objectifs de vie plus ambitieux. Certains parents n’ont pas eu la possibilité de pousser leurs études aussi loin et souhaitent par conséquent offrir cette chance à leurs enfants.
Dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Sud, l’enseignement postsecondaire est gratuit ou largement subventionné. Au Canada cependant, les droits de scolarité ne cessent d’augmenter, au point de devenir prohibitifs pour bien des ménages. Dans une large mesure, les coûts dépendent en fait du domaine d’études et de l’établissement fréquenté, ainsi que du lieu où l’on habite, à savoir chez ses parents ou dans une autre ville.
Selon une étude menée par Maclean en 2018, le coût annuel moyen des études postsecondaires pour les répondants qui vivaient chez leurs parents était de 9 300 $. Pour les étudiants qui avaient quitté le domicile familial, ce montant s’élevait à environ 20 000 $. Le loyer représentait près de la moitié de ce coût additionnel, suivi des droits de scolarité. Environ la moitié des étudiants étaient endettées à la fin de leurs études – de 27 000 $ en moyenne –, dette assumée essentiellement par leurs parents.
Quelles sont les options pour assumer ces coûts
Le coût d’une bonne éducation et les dettes trop lourdes peuvent avoir des conséquences durables tant pour les étudiants que pour les parents. Beaucoup de familles se demandent si la carrière visée et les perspectives salariales favorables compenseront toutes ces années de mensualités et de frais d’intérêt. Heureusement, il existe des solutions mitoyennes.
Voici quelques stratégies recommandées par les experts financiers qui vous aideront à couvrir une partie des études postsecondaires de votre enfant et à réduire, voire éliminer les dettes qui en découlent.
Régime enregistré d’épargne-études (REEE)
Le REEE est un outil d’épargne à impôt différé parrainé par le gouvernement fédéral qui permet aux parents d’économiser jusqu’à 4 000 $ par année (jusqu’à concurrence de 50 000 $) pour les études postsecondaires d’un enfant de moins de 18 ans. Ce régime comporte plusieurs options de placement pour faire fructifier vos cotisations à l’abri de l’impôt. Pour connaître celle qui convient le mieux à votre situation, adressez-vous à votre conseiller financier.
Pour maximiser les avantages du REEE, il n’y a pas de secret : il faut commencer tôt. Obtenez d’abord un numéro d’assurance sociale pour votre enfant, puis ouvrez un compte dès que possible. Si les grands‑parents souhaitent contribuer, encouragez-les à cotiser au REEE.
Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE)
En outre, le gouvernement bonifiera de 20 % tout montant que vous investissez chaque année dans un REEE, pour un maximum de 500 $. Versée systématiquement, cette subvention vient s’ajouter au rendement de l’investissement, faisant du REEE l’un des outils d’épargne-études les plus efficaces pour couvrir les frais d’études futurs sans vider son compte de banque.
Pour obtenir la SCEE maximum, il vous faudra verser un montant de 2 500 $ par année dans le REEE de votre enfant. Sachez toutefois que si vous sautez une année, la période de report au titre de la subvention est limitée.
Bon d’études canadien
Les ménages à faible revenu admissibles peuvent aussi bénéficier du bon d’études canadien, qui ajoute 100 $ de plus par année au REEE, en plus des 500 $ que vous recevrez à la naissance de votre enfant et des 25 $ pour les frais d’ouverture du REEE.
Emplois à temps partiel et saisonniers
Vous pouvez commencer à discuter avec votre enfant de ses intentions de carrière avant la fin de son primaire. Il ne saura peut-être pas encore ce qui l’intéresse, et c’est tout à fait normal. Par contre, ce genre de conversations vous informera de l’intérêt qu’il a pour de hautes études et vous permettra de le sensibiliser aux coûts qui s’y rattachent.
Quand votre enfant commencera à travailler (le plus souvent durant le secondaire), ramenez le sujet sur la table et encouragez-le à épargner activement. En mettant de côté ne serait-ce que 10 % de son salaire (préférablement 20 % : il vit encore chez ses parents après tout), il pourra payer une bonne partie des droits de scolarité et des manuels, et il forgera des habitudes durables pour faire face aux imprévus.
Il n’est pas dit cependant que votre enfant sera en mesure de travailler à temps partiel durant ses études postsecondaires, surtout si ses cours sont exigeants ou s’il a d’autres engagements (sportifs, etc.) Cela dit, bon nombre de programmes donnent accès à des stages, à des programmes coopératifs et à d’autres emplois très bien rémunérés pendant et après l’année scolaire.
Miser sur le revenu familial
Vous n’avez pas pu épargner en prévision des études postsecondaires de votre enfant? Vos économies ou vos revenus actuels pourraient suffire. Voici quelques scénarios envisageables.
Don en argent unique ou récurrent
Vous pouvez à tout moment retirer des fonds de votre Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) sans pénalité. Si vous disposez d’un coussin financier, peut-être souhaiteriez-vous faire un don en argent (unique ou récurrent) à votre enfant pour l’aider à payer les droits de scolarité, les manuels et les autres coûts liés aux études postsecondaires.
Prêt sans intérêt
Abordez avec votre enfant la possibilité de lui faire un prêt sans intérêt. Cette option est intéressante si votre CELI est une composante essentielle de vos fonds de retraite. Votre enfant devra tout de même vous rembourser après ses études, mais le coût global sera beaucoup moins élevé.
Vendre des biens ou liquider des placements
Vous pourriez aussi vendre une résidence secondaire (résidence de vacances, véhicule récréatif, etc.) ou des actions afin de libérer les fonds dont votre enfant a besoin pour faire des études postsecondaires. Par ailleurs, il n’est pas recommandé d’utiliser votre REER à cette fin en raison des impôts élevés qu’il vous faudra payer.
Emprunter pour payer les coûts
Pour bien des gens, les options ci-dessus ne suffisent tout simplement pas à couvrir les coûts de plus en plus salés des études postsecondaires. En pareil cas, les prêts étudiants et les bourses d’études accordés par les gouvernements provinciaux et fédéral sont aussi envisageables. Vous trouverez les critères d’admissibilité et des directives sur le site Web du gouvernement du Canada.
Prêts étudiants octroyés par le gouvernement : les risques
Pendant les sept années qui suivent l’obtention de son diplôme, votre enfant ne pourra pas déclarer faillite ou faire une proposition de consommateur pour rembourser ses prêts étudiants. En cas d’incapacité à régler ces dettes, il devra conclure un arrangement avec l’organisme gouvernemental compétent, ce qui pourrait l’obliger à faire d’importants sacrifices personnels.
Obtention de crédit auprès de prêteurs privés : les risques
En cosignant une marge de crédit étudiante (laquelle pourrait être radiée si votre enfant déclare faillite ou fait une proposition de consommateur), vous devenez entièrement responsable du solde à payer si votre enfant est libéré de sa responsabilité légale ou se retrouve en défaut de paiement.
Utilisation de vos propres instruments de crédit : les risques
Si vous comptez recourir à votre propre crédit (cartes de crédit, marges de crédit, etc.), assurez-vous en premier lieu d’évaluer minutieusement votre situation financière. Voici quelques questions importantes à se poser :
- Quel est mon ou notre niveau d’endettement actuel?
- À combien pourraient s’élever les intérêts sur la dette additionnelle?
- Combien de temps mettrons-nous à rembourser la dette?
- Quel devrait être mon revenu au cours des prochaines années?
- Existe-t-il de meilleures solutions?
On peut soutenir sans doute qu’il est toujours judicieux d’investir dans l’éducation de vos enfants. Toutefois, c’est une autre histoire si les dettes que vous contractez à cette fin ont de lourdes conséquences sur votre niveau de vie ou vos propres objectifs, notamment de retraite.
Commencez tôt et épargnez régulièrement
Invitez votre enfant à réfléchir à son avenir et répétez-lui fréquemment que vous pouvez le soutenir dans l’atteinte de ses objectifs. Bien que la plupart de ses choix entraîneront des coûts, on peut les réduire au minimum en commençant à épargner tôt et en trouvant divers moyens d’en atténuer les répercussions.